Faut-il supprimer la finance de marché ?

Le 10 octobre 2012 Par Gilles Rotillon Professeur à l’Université Paris X – Nanterre ; membre d’EconomiX(CNRDS)

La finance est l’ensemble des mécanismes et des institutions qui permettent à l’économie d’avoir les capitaux dont elle a besoin pour fonctionner. En ce sens, elle existe depuis plus d’un millénaire et a une utilité sociale non discutable. Pour ce faire, elle crée des transferts de droits à la richesse future dont rien ne dit qu’ils seront honorés. Elle est donc par nature porteuse de risques.

Ce qui est nouveau dans la conjoncture actuelle, c’est la forme prise par la finance qui est une finance de marché (en opposition à une finance d’intermédiation) au moment ou ce dernier se mondialise. On se propose d’expliquer les raisons de cette transformation et les risques nouveaux qu’elle engendre. En conclusion, on s’interroge sur les réformes qui seraient nécessaires pour limiter ces nouveaux risques.

Faut-il croire les économistes ?

Le 19 Septembre Par Jean-Christophe Le Duigou Economiste, syndicaliste, Membre de la Commission économique de la Nation

 

Jamais peut-être une corporation d’experts ne s’est autant trompée que celle des économistes. Non seulement une grande majorité d’entre eux n’ont pas prévu la grande crise financière  dans laquelle se débat depuis 4 ans l’économie mondiale mais pire, nombre parmi eux avaient décrété que « des crises de cette ampleur n’était plus possibles ». Last but not least, en 2010 plusieurs  de ces « experts » médiatisés par la télévision, récidivaient, annonçant « la crise est finie !» On sait ce qu’il en est !

Cette obstination dans l’erreur rappelle bien sûr les discours analogues tenus, le siècle dernier par de grands économistes et démentis par les faits. A la veille de la première Guerre mondiale  Norman Angell, prix Nobel, s’appuie sur la théorie économique pour estimer « les guerres impossibles». En 1929, Irving Fischer, qui écrira quelques années plus tard un livre remarquable sur la dette et la déflation, parie sur la « solidité des bourses ».

Les questions sont dès lors multiples. Pourquoi une telle capacité à se tromper ? Les économistes ont t-ils sciemment l’intention de fourvoyer l’opinion publique dans l’erreur ? Ou le carcan idéologique est-il si fort qu’il conduit à un tel aveuglement? Ou alors, ce qui serait finalement rassurant, l’économie, malgré sa mathématisation, est loin d’être une science et demeurerait cette « économie politique », ouverte à la controverse et aux débats, que Smith, Marx ou Keynes avaient défendue en leur temps ?