16 septembre 2015 : Jules Isaac, un historien dans l’histoire de son siècle

Le 16 septembre  Par Michel Groulez : Jules Isaac, un historien dans l’histoire de son siècle

Jules Isaac (1877-1963) est resté jusqu’à nos jours un personnage familier de la mémoire collective française, en tant qu’architecte d’une série réputée de manuels scolaires d’histoire, qui fut dans les lycées comme un pendant au fameux « Petit Lavisse » des écoles. A ce titre il demeure lié aux nostalgies de plusieurs générations d’élèves sous trois républiques, mais aussi à la plus ou moins bienveillante condescendance réservée aux tâcherons démodés du monde de l’éducation. S’il convient d’interroger la réussite du « Malet-Isaac », il faut plus encore revenir au parcours d’un grand contemporain, historien constamment plongé dans les tourments de son siècle, qu’il affronte en honnête homme classique, en héritier des Lumières mais aussi en « bagarreur assez fraternel » comme il aimait à dire.

 

POUR ALLER PLUS LOIN:
On peut consulter le « Dictionnaire des intellectuels français; les personnes, les lieux, les moments », sous la direction de Jacques Julliard et Michel Winock , Le Seuil 1996.
Une biographie claire et chaleureuse, par
André Kaspi: « Jules Isaac, historien, acteur du rapprochement judéo-chrétien », Plon 2002.
Ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’enseignement de l’histoire pourront lire
Evelyne Héry, « Un siècle de leçons d’histoire; l’histoire enseignée au lycée 1870-1970″, Presses universitaires de Rennes 1999.
Nicole Lucas: « Enseigner l’histoire dans le secondaire; manuels et enseignement depuis 1902″, Presses universitaires de Rennes 2001.
Sur les Juifs de France,
Jean-Jacques Becker et Annette Wieviorka (dirs) : « Les Juifs de France, de la Révolution française à nos jours » » Liana Levi 1998.
Muriel Pichon: « Les Français juifs 1914-1950, récit d’un désenchantement » Presses universitaires du Mirail 2009.
Et, de Jules Isaac lui-même: « Jésus et Israël », Albin Michel 1948 – « Genèse de l’antisémitisme, essai historique », Calmann-Lévy 1956 – « L’enseignement du mépris », Fasquelle 1962.

 

Retour sur… Jean Jaurès

Orientation bibliographique

Pour aller plus loin sur Jean Jaurès avec des ouvrages faciles d’accès ( dont * Bibliothèque François Mauriac)

Une biographie particulièrement chaleureuse et humaine, Le Grand Jaurès *, par Max Gallo (Robert Laffont 1984).

Voir aussi Jean Jaurès, par Jean-Pierre Rioux (Perrin 2005, et en version de Poche Tempus 2008).

Une synthèse dense et suggestive de la grande jaurésienne Madeleine Reberioux, Jaurès la parole et l’acte, Gallimard Découvertes 1994.

Dans la Revue l’Histoire, n°397, 2014/3, Jaurès, le socialisme du possible *.

Un travail récent : Jaurès 1859-1914, la politique et la légende, par Vincent Duclert, Autrement 2013.

 

Vous trouverez là d’abondants repères bibliographiques pour creuser davantage à votre choix.

L’héritage disputé du « Grand Jaurès »

par Michel Groulez, le 15 octobre 2014

 

Jean Jaurès disparaissait il y  tout juste cent ans, et sa mort violente le 31 juillet 1914 résonne toujours dans la conscience collective française comme une ouverture dramatique à la séquence terrible de la « Grande Guerre ». Il existe une sorte d’énigme autour de Jaurès, dont la place dans le Panthéon national est éminente, mais au détriment parfois d’une connaissance réelle du personnage, de sa pensée et de son action. Au point  d’être aujourd’hui  encore revendiqué  par une foule d’héritiers dont certains  très inattendus, qui n’hésitent pas à se jeter à la figure les morceaux choisis de la vie et des propos du grand homme, au sein même de sa famille politique. Il peut donc être salutaire et en tous cas utile,  de s’interroger sur la place de Jaurès dans l’histoire et dans l’esprit de ceux qui s’en réclament.

 

La « Grande Guerre » : cent ans de mémoire et d’histoire

par Michel Groulez,  le 21 mai 2014

La très prévisible commémoration centenaire de la « Grande Guerre » fait entendre depuis quelques mois un bruit qui envahit largement l’espace public. Chacun est en conséquence assuré d’assister en 2014 à un lointain mais formidable écho à ce qui fut – peut-être – la matrice du XXe siècle, cet « âge des extrêmes ».

Tout l’indique : Les générations qui se sont succédé auront vécu dans l’ombre de cet événement fondateur, sans que jamais l’éloignement du temps, ni les altérations induites par le cours ultérieur des choses, parviennent à la dissiper.

Mieux, le regard rétrospectif porté sur la « Grande Guerre » n’a cessé de s’enrichir du produit de nos affects personnels aussi bien que de nos préoccupations civiques et historiques, alors même que les acteurs et témoins de l’évènement s’effaçaient du paysage après y avoir tenu un rôle de premier plan.

Sentiment et raison: Il vaut de s’interroger sur ce que la société a cru devoir retenir, d’hier à aujourd’hui, strate après strate, du traumatisme hors du commun dont elle était issue, que ce soit dans la mise en forme d’un souvenir pieux ou dans la somme des enseignements acceptés par la mémoire collective. Et enfin dans les différentes configurations interprétatives dont les historiens ont accompagné les évolutions du sentiment public.