28 novembre 2012 : Jules Verne et le fantastique

Par Philippe Scheinhardt docteur en littérature et professeur-documentaliste. Médiathèque Lycée J.B.Corot Savigny sur Orge

Derrière la trompeuse simplicité du sujet, c’est bel et bien un vrai paradoxe que nous voudrions questionner à propos du célèbre romancier des Voyages extraordinaires, puisque le contrat éditorial du programme encyclopédique d’un tour du monde en quatre-vingt volumes s’adapte mal avec un genre qui s’appuie plutôt sur des formes brèves, le conte, la nouvelle, pour explorer les frontières entre le réel el le surnaturel. La question est donc bel et bien : y-a-t-il un fantastique vernien ? Question à tiroirs, sans doute, qui demande une réponse nuancée d’abord vis-a-vis de la réflexion très débattue sur le genre fantastique. Mais l’interprétation de l’oeuvre elle-même s’oppose à l’application de schémas trop théoriques ! Jules Verne a exploré plusieurs facettes de ce genre soit par le biais de ces machines imaginaires à la limite de la création, monstres à la croisée des chemins de l’homme et de la nature, tel le Nautilus. Mais l’écrivain « tératologue » s’aventure aussi plus nettement sur les chemins nocturnes de ses inspirateurs, ici le gothique, là le fantastique empreint à la fois des croyances superstitieuses et des failles de la connaissance scientifique. Quelques romans, des personnages quelque peu mystérieux nous amènerons aux portes de ce discours de l’incertain si différent du positivisme prôné par son éditeur Hetzel.

 

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