La « Grande Guerre » : cent ans de mémoire et d’histoire

par Michel Groulez,  le 21 mai 2014

La très prévisible commémoration centenaire de la « Grande Guerre » fait entendre depuis quelques mois un bruit qui envahit largement l’espace public. Chacun est en conséquence assuré d’assister en 2014 à un lointain mais formidable écho à ce qui fut – peut-être – la matrice du XXe siècle, cet « âge des extrêmes ».

Tout l’indique : Les générations qui se sont succédé auront vécu dans l’ombre de cet événement fondateur, sans que jamais l’éloignement du temps, ni les altérations induites par le cours ultérieur des choses, parviennent à la dissiper.

Mieux, le regard rétrospectif porté sur la « Grande Guerre » n’a cessé de s’enrichir du produit de nos affects personnels aussi bien que de nos préoccupations civiques et historiques, alors même que les acteurs et témoins de l’évènement s’effaçaient du paysage après y avoir tenu un rôle de premier plan.

Sentiment et raison: Il vaut de s’interroger sur ce que la société a cru devoir retenir, d’hier à aujourd’hui, strate après strate, du traumatisme hors du commun dont elle était issue, que ce soit dans la mise en forme d’un souvenir pieux ou dans la somme des enseignements acceptés par la mémoire collective. Et enfin dans les différentes configurations interprétatives dont les historiens ont accompagné les évolutions du sentiment public.

Un commentaire

  1. La bibliographie attenante à ce sujet est gigantesque. Nous nous permettons de renvoyer les auditeurs de cette conférence à des bases simples, solides et aisées d’accès (ouvrages édités en format de poche). Nous recommandons particulièrement, pour la qualité du texte et des annexes bibliographiques, l’excellent travail d’Antoine Prost et Jay Winter : Penser la Grande Guerre, un essai d’historiographie – Editions du seuil, Points-Histoire, 2004.
    Très éclairants aussi quoique plus anciens, les articles tirés de la revue L’Histoire et regroupés sous le titre Mourir pour la patrie, Editions du Seuil, Points-Histoire, 1992.
    Voir les recherches de deux historiens de l’Historial de Péronne, Stéphane Audouin-Rouzeau et Annette Becker: 14-18, retrouver la Guerre, Folio Histoire 2000.
    Antoine Prost a produit une thèse magistrale sur les anciens combattants français. Folio-Histoire édite en 2014 sous forme ramassée une riche synthèse: Les Anciens Combattants, 1914-1940.